Crise énergétique, raréfaction des matières premières, enjeux sociaux et sociétaux… Aujourd’hui, le développement durable est devenu un enjeu stratégique pour toutes les organisations. Et bien entendu, nous ne parlons pas d’effet de manche marketing, de greenwashing : aujourd’hui, pour être pérenne, une entreprise doit mettre la durabilité au cœur de sa raison d’être.

Quelles sont les bonnes pratiques ? Peut-on réussir quel que soit le secteur d’activité ? Certaines entreprises ont bâti publiquement leur réussite grâce au développement durable. On peut citer Michel et Augustin, Biocoop, ou encore le groupe Rocher.

Pourtant, les bons exemples peuvent être trouvés dans des secteurs d’activités moins directement associés à la durabilité de prime abord : automobile, informatique, banque, habillement, BTP… Dans cet article, nous prendrons justement cinq exemples d’entreprises qui ont su prendre le virage de la durabilité, en fonction des leviers à leur disposition. Alors même que leur secteur d’activité n’est traditionnellement pas synonyme de développement durable. Abordons donc, tour à tour, Volkswagen, LafargeHolcim, Atos, Décathlon et le Crédit Mutuel.

Image 1 entreprises durables

Atos, des données équitables, un monde plus vert

Des données éthiques

On le dit souvent, la data est le nouvel or noir du XXIème siècle. Les GAFAM ont en fait une source importante de revenu et un réel avantage. Pas une startup, pas une entreprise informatique ne valorise pas les données récoltées comme un trésor de guerre. Atos, en tant que géant français du digital et expert en solution cloud n’est évidemment pas en reste. La data, son stockage et son exploitation sont la pierre angulaire de son business-model.

Pourtant, Atos prend ces mêmes données avec des pincettes, en promouvant une utilisation équitable de la donnée. Equitable, c’est le terme que le groupe a choisi pour deux raisons, qui illustrent bien leur philosophie. D’un côté, équitable -en français- pour la notion de justice dans le partage de données, et de l’autre l’anglais equity. Car évidemment, la data est valorisable comme tout actif.

C’est ainsi qu’Atos est à l’origine de la Fondation GAIA-X, qui milite au niveau européen pour un partage de données, via le cloud, plus sécurisé et transparent. Par ailleurs, Atos a également lancé l’initiative ETAMI, Ethical and Trustworthy Artificial and Machine Intelligence, pour favoriser une intelligence raisonnée, éthique, et fiable.

Verdir le digital

Comme toute entreprise, le groupe Atos marche par objectifs clairs et chiffrés. Cet état d’esprit préside toute la politique environnementale du groupe. C’est ainsi que, depuis 20215, Atos s’attèle à réduire de 50% ses émissions de CO² par million d’euros de chiffre d’affaires généré. Il s’agit d’un des principaux KPIs fixés en interne. Mais Atos n’oublie pas pour autant qu’elle s’inscrit dans un écosystème global. Ainsi, en novembre 2020, l’entreprise a organisé sa première journée virtuelle des fournisseurs, sorte de table ronde digitale regroupant les 250 principaux fournisseurs du groupe. Au menu, business bien sûr, mais aussi développement durable. Atos a, en effet, analysé que 50% de son bilan carbone provenait de sa chaîne d’approvisionnement. L’objectif de cette table ronde aura donc également été d’établir des solutions et des processus afin de réduire l’impact carbone de toute la chaîne de production, main dans la main.

Intégrer le développement durable au cœur du quotidien des collaborateurs

Par ailleurs, si la politique de développement durable doit être structurée au niveau du groupe, et doit prendre en compte l’ensemble de la chaîne de production, il ne faut pas oublier les actions individuelles que chaque collaborateur peut mener. C’est ainsi qu’Atos impose désormais l’utilisation du noir dans les présentations digitales. En effet, le noir permet de ne pas « allumer » de pixel sur un écran, générant ainsi des économies d’énergies. Il est évident qu’à titre individuel, l’impact peut sembler dérisoire, mais à l’échelle d’un groupe de 110000 collaborateurs, ces économies d’électricités sont significatives.

Image 2 Verdir le digital

Volkswagen roule pour le développement durable

Le groupe allemand a depuis longtemps pris le parti du développement durable, malgré son appartenance à un secteur traditionnellement décrié. Dès les années 1990, bien avant l’engouement actuel pour les véhicules électriques ou les perspectives avec l’hydrogène, Volkswagen a mis en place une gestion durable dans sa politique. Et ici, nous ne parlerons pas uniquement d’environnement, thématiques sur lesquelles les constructeurs sont particulièrement attendus, mais de l’ensemble des piliers du développement durable. Volkswagen a en effet depuis une trentaine d’année réalisé de multiples actions, pas toujours connues du grand public, en faveur de l’environnement, mais aussi sociale et de gouvernance. Pour le constructeur, un groupe durable, c’est un groupe qui préserve la planète… et ses collaborateurs.

Un cercle vertueux

Abordons tout d’abord l’aspect environnemental. Dès 1995, le manufacturier de l’automobile a élaboré sa politique de construction de véhicule plus verte. Ici, la question n’était pas seulement de faire des moteurs plus propres, voire étudier les possibilités de nouvelles sources d’énergies, comme l’hybride ou l’électrique. C’est tout le cycle de vie du véhicule que Volkswagen a décidé de remanier. Un véhicule plus propre, ce n’est pas uniquement un véhicule qui consomme moins, ou mieux. C’est aussi et surtout un véhicule qui, de sa fabrication à sa mise en casse, est acceptable pour la planète. Grâce à cette philosophie mise au cœur de la stratégie, la Commission européenne a décerné le Prix Européen de l’Environnement au géant automobile.

En parallèle à ce plan basé sur le cycle de vie des véhicules produits, Volkswagen a noué un partenariat avec l’entreprise SiCon GMBH. Le fruit de cette collaboration est de développer une technologie permettant de retraiter les déchets de l’industrie automobile pour en faire des matières premières réutilisables.

La durabilité passe par l’humain

Le développement durable est souvent associé à l’aspect environnemental. Mais il ne faut toutefois pas oublier le volet social du concept. Volkswagen ne l’a pas omis, en ayant développé depuis une trentaine d’années de multiples mesures pour préserver ses collaborateurs.

Préserver l’emploi

Préserver ses collaborateurs, c’est tout d’abord préserver leur emploi. Or en 1993, l’industrie automobile était en crise. Malgré la pression économique qui se faisait sentir, Volkswagen a pris le contre-pied de ce que ses principaux concurrents ont fait : licencier pour réduire la voilure. A l’opposé de cette solution, Volkswagen a mis en place un programme permettant de sauver 30.000 emplois directement menacés. Pour ce faire, le groupe avait réduit le temps de travail de 40 à 30 heures.

Préserver la santé

Préserver ses collaborateurs, c’est également avoir le souci de leur santé mentale et physique. Pour ce faire, et afin de favoriser les bonnes pratiques individuelles, Volkswagen a établi une politique basée sur le nudge. Le but étant d’apporter in fine un côté ludique à cette politique. C’est pourquoi, par exemple, le groupe de Wolfsburg a construit un piano escalier, en 2009, à Stockholm. L’objectif fut de favoriser l’exercice physique des collaborateurs en les poussant à privilégier les escaliers aux escalators. L’entreprise allemande avait même mis en place un mini-site internet afin de recueillir les différentes idées des collaborateurs du groupe qui pourraient aller dans cette direction du bien-être au travail.

LafargeHolcim, verdir le béton

Difficile pour un géant des matériaux de constructions, qui par essence se sert directement de la terre elle-même pour bâtir un empire. Comme chacun sait, faire du béton ou du ciment revient, en grossissant le trait, à araser des collines et prélever du sable. Le tout nécessitant ensuite une utilisation importante d’eau.

Etablir des objectifs clairs

Pourtant, LafargeHolcim ne se contente pas, en matière environnementale, de hausser les épaules ou de faire du greenwashing. Elle essaie durablement de limiter ses impacts en trouvant de nouvelles méthodes de production afin d’atteindre des objectifs clairs et chiffrés à long terme. Ces objectifs sont :

  • Lutter contre le changement climatique
  • Protéger l’air
  • Economiser l’énergie
  • Préserver les ressources
  • Gérer les carrières
  • Limiter les déchets
  • Maîtriser les ressources en eau
  • Respecter et favoriser la biodiversité
  • Œuvrer pour une construction durable

Chiffrer les objectifs

Concrètement, on peut souligner deux objectifs chiffrés importants, concernant l’impact carbone et les émissions de gaz à effet de serre.

D’abord, et c’est le plus ancien engagement fixé, LafargeHolcim entend réduire de 20% l’intensité carbone par tonne de ciment produit pour la période 1990 à 2100. C’est d’ores et déjà un succès puisque dès 2006 la diminution était de 15%.

Ensuite, LafargeHolcim a décidé de réduire son émission absolue de gaz à effet de serre de 10% dans les pays industrialisés. Il faut mettre en cet objectif en regard du protocole de Kyoto de 2005, qui suggérait quant à lui une diminution de 5,2%, soit un objectif deux fois moins important pour la communauté internationale.

Ces stratégies de réduction de l’empreinte carbone participent d’un double objectif. D’une part, la préservation de la planète est une valeur importante aux yeux du groupe. D’autre part, faire davantage permet à LafargeHolcim de se prémunir d’une potentielle législation plus contraignante et établie à la hâte.

Bétonner sans béton

Nous l’avons dit plus haut, faire du ciment, en forçant le trait, revient à creuser des collines entières. On le voit bien en passant devant des carrières, en activité ou non. Pourtant, loin des clichés, LafargeHolcim agit comme il le peut pour lier expansion économique, productivité, et réduction de l’utilisation de matières naturelles. D’une certaine manière, LafargeHolcim tend à faire toujours plus, avec toujours moins. Ainsi, pour produire du ciment ou du plâtre, le groupe utilise des sous-produits, ou des déchets provenant d’autres industries, afin de les substituer aux ressources naturelles. Par exemple, le cimentier utilise du gypse de synthèse, ou même des scories issues de la sidérurgie, ou encore les cendres volantes provenant des centrales à charbon. Cette substitution concerne 8.2% du ciment produit, et même 32% du plâtre estampillé LafargeHolcim.

Image 3 développer vivier de talent

Le Crédit Mutuel, la RSE comme colonne vertébrale

Le Crédit Mutuel n’est plus à présenter lorsque l’on veut des exemples de réussite en matière de RSE : c’est une véritable colonne vertébrale pour cette institution financière. Dernière preuve en date : la banque se classe en première position du secteur avec Boursorama selon le baromètre Yougov concernant les entreprises à forte valeur RSE. Le groupe avait également reçu l’Award for Most Responsive Fund Manager en 2020 par le magazine Capital Finance International.

Du point de vue réglementaire tout d’abord, Crédit Mutuel est la première banque à avoir obtenu le titre d’entreprise à mission. Ses missions ? Entre autres, travailler ouvertement pour une société plus juste et plus durable, sans discrimination et où la vie privée est respectée. Tant pour les clients que pour les collaborateurs. En outre, Crédit Mutuel est certifié ISO 500001 pour son management énergétique efficace.

Décarboner la finance

En parlant d’énergie, Crédit Mutuel a mis en place de nombreuses actions et objectifs à suivre, tant à l’échelle du groupe que pour les initiatives personnelles des collaborateurs.

Au niveau groupe, l’objectif est de réduire de 30% l’impact carbone de l’écosystème de la banque entre 2019 et 2023. Dans ce même intervalle, le Crédit Mutuel entend augmenter le financement des projets à fort impacte climatique de 30%, tout en réduisant de 15% l’empreinte carbone des actifs sous gestion. En d’autres termes, recentrer l’investissement et le financement vers des propositions durables.

Ce recentrage passe également par la création en mars 2021 de la Fondation Crédit Mutuel pour l’environnement et les territoires afin de financer et valoriser des projets locaux en faveur du développement durable. Cette fondation vient en plus des engagements pris dans le cadre du PAQTE (Pacte Avec les Quartiers pour Toutes les Entreprises) dont le Crédit Mutuel est signataire depuis 2018.

Favoriser l’émulation individuelle

Au niveau individuel, enfin, le groupe Crédit Mutuel a mis en place, dans sa filiale Cofidis, l’opération #Likemyplanet permettant aux collaborateurs de porter des projets environnementaux, comme une plateforme interne de troc. Et si ce plan #Likemyplanet est centralisé sur internet, c’est que le Crédit Mutuel forme 100% de ses collaborateurs à la transformation digitale.

Decathlon, placer le collaborateur au centre de la stratégie

Decathlon est sans doute l’une des enseignes les plus connues en France. Du sport, son cœur de métier, le groupe en a retiré le goût du collectif. En Effet, en matière de RSE, Decathlon a mis en place son plan de transition 2020-2026. Mais celui-ci n’a pas été imposé par la direction, mais en concertation avec un collège de collaborateurs issus d’une trentaine de pays différents.

Concrètement, dans ce plan, les objectifs sont :

  • 60% des coéquipiers se déclarant tout à fait heureux de venir travailler tous les matins au service du projet, de leur projet et du sens de l’entreprise
  • 50% de femmes, notamment dans le management
  • 100% des coéquipiers formés sur les droits humains
  • 100% des coéquipiers se sentant en sécurité dans leur environnement de travail
  • 100% des coéquipiers pouvant librement s’exprimer
  • 100% des coéquipiers autonomisés et responsabilisés dans le choix du développement de leurs compétences
  • Accès à de l’actionnariat salarial pour 100% des collaborateurs qui le souhaitent
  • 76% des clients ayant noté 5/5 leurs expériences chez Decathlon

Mettre la production au vert

Néanmoins ce plan ne concerne pas uniquement l’aspect humain du développement durable, il intègre également des mesures environnementales. Ainsi, Decathlon s’appuie sur l’initiative Science Based Target (SBTi) pour lutter contre le réchauffement climatique. Concrètement, les objectifs du groupe sont de passer l’utilisation d’énergie à 100%, de réduire les émissions de CO2 de 40%, et, si l’on dézoome sur l’ensemble des parties-prenantes, 90% des volumes d’achats doivent provenir de fournisseur ayant un réel projet d’efficience énergétique.

En parlant de l’aspect production, 100% des produits doivent être éco-conçus et 95% de leurs emballages sont en matières durables et certifiées. Le polyester quant à lui est issu uniquement de sources durables (recyclage, teinture dans la masse,…).

Pour finir, tous les nouveaux magasins français sont labellisés « Signature Biodiversité » et l’enseigne participe à l’initiative internationale Plastik Leaks, afin d’identifier les fuites de plastique qui pourraient se trouver dans la chaîne de valeur de Decathlon.

Aller plus loin, penser global

En résumé, ces quelques exemples montrent qu’indépendamment des secteurs d’activités, mêmes ceux qui pourraient paraître antagonistes avec toute notion de développement durable, mettre son organisation au vert sans tomber dans le greenwashing est possible, à condition d’avoir des ambitions claires et précises.

Si vous voulez en savoir davantage pour vous aider à fixer vos propres objectifs en matière de durabilité, nous vous recommandons notre dernier ebook sur le développement durable.

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