Le leadership positif, mythe ou nouvelle normalité ?

Les technologies innovantes, une nouvelle génération montante  ont considérablement façonné de nombreux domaines de notre vie. Et à ce sujet, le monde du travail n’est pas en reste. Le travail à distance, les horaires flexibles ou l’équilibre optimal entre vie professionnelle et vie privée sont des objectifs désormais ancrés dans la vie quotidienne de la majorité. Mais ce ne sont pas seulement les collaborateurs qui sont au centre de l’attention, le rôle général des managers doit également s’adapter à la nouvelle normalité, en adoptant le leadership positif. Après tout, quelle entreprise est encore performante aujourd’hui lorsqu’il y a des discordes internes ?  Quel collaborateur reste fidèle à une entreprise ayant une atmosphère de travail négative lorsque de nouvelles alternatives s’ouvrent de toutes parts ? 

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Nous vous montrerons comment vous pouvez amener votre entreprise à traverser en toute sécurité les moments difficiles avec le concept de « leadership positif », fidéliser les collaborateurs et obtenir d’excellents résultats avec votre équipe. 

Qu’est-ce que le leadership positif ?

Le terme « leadership positif » est né à l’origine du résultat de diverses études sur les neurosciences et la psychologie positive. Les actions positives et axées sur les objectifs  devraient donc conduire à une augmentation des émotions positives dans vos équipes et à l’excellente performance qui en découle.  Kim Cameron est une psychologue américaine et titulaire d’un doctorat en administration publique de l’Université de Yale. Elle s’est plus particulièrement spécialisée dans l’études des modes d’organisation. Cameron a révolutionné les schémas de pensée traditionnels du leadership et est connue pour ses recherches sur les organisations positives.

Les Trois caractéristiques du leadership positif selon Cameron

Dans son ouvrage « Positive Leadership: Strategies for Extraordinary Performance », Cameron nomme les trois caractéristiques les plus importantes du leadership positif. Ils permettent une performance positivement déviante. En outre, une orientation affirmative est vécue, c’est-à-dire une attitude fondamentalement plus positive, telle que se concentrer sur les forces plutôt que sur les faiblesses, l’optimisme au lieu du pessimisme et le soutien au lieu de la critique sévère (« biais affirmatif »). Enfin, Cameron souligne que la méthode appelle au bien des personnes et à des valeurs telles que la vertu et l’eudémonisme.  

Dans leur livre « Heureusement, il y a du succès: comment un leadership positif conduit à des performances optimales », Creusen et Eschemann décrivent que le leadership positif est entre autres basé sur : 

• l’auto-efficacité, à savoir le sentiment d’avoir la capacité d’effectuer une tâche 
• l’espoir
• la réalisation d’objectifs 
• la résilience 
• l’optimisme.  

L’auto-efficacité, l’espoir et la réalisation d’un objectif impliquent une bonne dose de confiance en soi. Les leaders résilients dirigent une entreprise et leur équipe en toute sécurité à travers les crises et possèdent d’excellentes compétences en résolution de problèmes. Il s’agit également d’un leadership authentique fondé sur des valeurs. Mais les valeurs ne doivent pas rester de vaines promesses : elles doivent être activement démontrées et vécues. Il s’agit de valeurs telles que la compassion, l’honnêteté, la confiance, l’inclusion ou l’écoute. 

Les sciences naturelles, sources d’un modèle positif ? 

Des collaborateurs satisfaits obtiennent des résultats satisfaisants. Dès les années 1930, cette constatation a été prouvée dans les recherches de Rexford B. Hersey sous l’hypothèse du « travailleur productif heureux ».  Dans son étude  Workers’ Emotions in Shop and Home, Hersey  décrit que les gens heureux dans leur vie sont automatiquement plus productifs dans leur travail.  Le concept de leadership positif s’appuie sur cela et montre donc également certains parallèles avec le phénomène biologique d’héliotropisme. Cela décrit la prédisposition de tous les êtres vivants à se tourner naturellement vers la lumière, ou en d’autres termes, vers le positif. Les plantes se penchent vers le soleil pour leur photosynthèse. De la même manière, nous nous souvenons plus longtemps de belles expériences. D’un point de vue sémantique, dans toutes les langues, il y a plus de mots positifs que négatifs (Cameron). 

C’est de ce constat que part le leadership positif. Les leaders qui exploitent l’énergie positive de leurs collaborateurs font de même. Ils agissent comme des donneurs d’énergie, n’épuisent pas mais propagent leur enthousiasme au sein de leurs équipes.  Des études montrent qu’un bien-être accru augmente considérablement la dopamine et l’ocytocine dans le corps.  La dopamine est un neurotransmetteur qui influe bénéfiquement sur l’attention, le plaisir et la motivation, le sommeil, la mémoire et la cognition. Autre « hormone du plaisir », l’ocytocine, inhibe l’adrénocorticotrophine (l’hormone du stress), et permet, selon les neurosciences, d’accroître l’empathie, la confiance et plus généralement le lien social. De récentes études tendent à démontrer que la stimulation de la production d’ocytocine permettrait de lutter contre la dépression, la phobie sociale ou encore l’autisme. En résumé, ces molécules du plaisirs ainsi sécrétées renforce la productivité, en faisait tomber les barrières et les inhibitions que l’on pourrait avoir. 

La clé d’une organisation prospère, avec des collaborateurs productifs et motivés, est donc un haut niveau de bien-être de chaque individu.   

Comment diriger votre équipe positivement ?

Mais comment les leaders peuvent-ils créer un tel bien-être ? Il existe différentes approches et interprétations. Dans son livre déjà cité, Cameron parle de quatre stratégies sous-jacentes : 

• Le climat positif 
• Les relations positives 
• La communication positive 
• Le sens positif 

Fondamentalement, une atmosphère positive dans l’entreprise devrait d’abord être créée en faisant preuve de compassion et de gratitude, tout en pardonnant les erreurs (« climat positif »). En outre, des relations positives doivent être établies par la construction d’un véritable réseau, d’une harmonie et une intégration sans faille dans l’équipe. Cela passe, par exemple, par le biais de déjeuners pris en commun ou d’activités de groupe (« relations positives »).  Par ailleurs, une communication bienveillante doit toujours être maintenue dans l’entreprise (« communication positive »), par exemple par le biais de méthodes de feedbacks, d’ajustement de soi-même. Le leadership positif vient alors proposer une alternative au feedback à 360°, Ce dernier pouvant, selon Cameron, être source d’amertume. Cette alternative est la méthode Best-Self-Feedback. Cela consiste à aller voir 20 personnes, qu’elles soient des collègues, amis ou des membres de votre famille, en leur demandant de raconter 3 situations dans lesquels vous vous êtes démarqué à leurs yeux. Ainsi, en recoupant ces histoires, vous pouvez alors déterminer qu’elles sont vos principales forces, vos principaux atouts. Enfin, les leaders positifs doivent penser avec optimisme et donner à tout un sens positif, qu’il s’agisse de revers ou d’erreurs (« sens positif »).  

D’autres partisans du leadership positif se concentrent principalement sur le développement personnel, le bien-être et la réussite de l’individu qui en résultent. Nous parlons des éléments de développement des talents, d’engagement, de développement d’une vision et d’intégration de l’individu. Pour que les collaborateurs soient particulièrement engagés dans leurs tâches, ils doivent « faire corps » avec leur travail, être dans le « flow », selon les mots du psychologue Mihaly Csikszentmihaly. Cette notion de psychologie positive décrit un état dans lequel l’être humain est absorbé dans sa tâche, motivé au maximum et s’efface alors dans le temps et l’espace. Mais comment arrive-t-on dans un tel état ?

Affinez les flux de travail

Csikszentmihalyi a explicité ce phénomène dès 1975. Chaque être humain étant unique, chaque tâche doit donc être spécifiquement adaptée. Ce n’est qu’ainsi qu’un individu atteint la motivation intrinsèque nécessaire pour obtenir une productivité optimale. Si les exigences d’une tâche sont trop élevées ou trop faibles, cela peut rapidement aboutir à une sur– ou une sous-sollicitation. Et donc conduire à un manque de motivation. Il est donc d’autant plus important d’analyser d’abord les forces personnelles et les capacités spécifiques de chaque collaborateur. Il est également essentiel d’établir une vision d’entreprise commune et de faire comprendre à l’équipe dans quelle mesure chacun peut individuellement contribuer à l’atteinte de cet objectif.

Fixez des OKR

Pour ce faire, un bon leader doit également être capable de communiquer de nouvelles idées de manière transparente et efficace. Il peut alors diviser les grandes étapes en objectifs intermédiaires, plus petits. En effet, comme pour les OKR, n’oublions pas qu’un sentiment rapide d’accomplissement motive ! Cela conduit à la fois à une coopération plus positive et à des résultats plus importants. Maintenez la motivation de chacun à un niveau élevé en faisant le lien entre une attitude positive et l’excellence. 

Qu’est-ce qui fait un leader positif ?  

Dolly Parton: Si vos actions incitent les autres à rêver plus, à apprendre plus, à faire plus et à devenir plus, vous êtes un leader positif et énergisant. 

Des qualités telles que l’humanité, l’empathie ou la convivialité font partie de « l’équipement de base » d’un leader positif. Il est également fondamental qu’un leader se rende accessible et révèle parfois quelque chose sur lui-même, qu’il devienne plus humain. Ainsi, un manager n’est plus, dans cette optique, une figure d’autorité froide et inaccessible. Au contraire, il affirme une personnalité réelle et authentique, avec des forces et des faiblesses.  Il peut avoir les mêmes peurs ou difficultés que les autres membres de l’équipe. Néanmoins, il ne les laissera pas influencer son comportement. Au contraire, il démontrera activement des choses positives et agira ainsi comme un modèle – surtout dans les moments difficiles. La confiance, la stabilité, l’espoir ou la compassion sont inspirants et attrayants pour les collaborateurs. Un élément important pour établir la confiance est de se montrer préoccupé par le  bien-être de chaque collaborateur.  Montrez un intérêt personnel et prenez le temps d’avoir de petites attentions dans la vie professionnelle quotidienne de vos collaborateurs. 

Le leadership positif comme opportunité de dépassement de soi 

Il existe trois autres traits particulièrement efficaces d’un leadership positif :  

• Donnez confiance pour créer un environnement favorable au progrès collectif. 
• Instaurez des standards de performance élevés : aidez vos collaborateurs à se dépasser, car c’est la seule façon d’exploiter leur plein potentiel.  
• Activez des « générateurs d’impulsions positives », qui, à leur tour, peuvent motiver les autres 

Faites des retours constructifs !

Trois conseils pour donner votre feedback avec succès :  

1. Restez toujours empathique et respectueux !  
2. Mettez-vous à la place de votre homologue. Comment aimeriez-vous être confronté à une critique ?  
3. Ce qui s’est passé, est du passé.  Au lieu d’insister sur ce qui s’est déjà passé, aidez votre collaborateur à éviter les erreurs similaires à l’avenir. Travaillez ensemble sur des solutions et transformez les faiblesses en forces.  

Il est au moins aussi important d’accorder une reconnaissance suffisante dans le cas d’un bon résultat. Exprimez votre satisfaction pour garder la motivation élevée et rendre l’équipe fière.  De petites attentions, un simple merci, peuvent déjà faire des merveilles. 

Critique (in)justifiée ?  

Les critiques décrivent souvent le style de leadership positif comme étant trop mou, non axé sur les objectifs, voire naïf.  

Mais ce n’est pas le cas : même les managers positifs doivent livrer des nouvelles négatives, licencier des collaborateurs ou s’exposer à des situations difficiles. Surtout dans le rythme de travail quotidien, lorsque tout le monde est stressé, occupé, être empathique est trop souvent perdu. Il faut beaucoup de force et de persévérance pour mener une équipe en toute sécurité à travers les hauts et les bas, tout en faisant preuve d’équité et en créant une atmosphère de bien-être. Un leader positif ne ferme pas les yeux sur la pression ou les défis complexes. Au contraire, il les gère simplement différemment.  

« Le leadership positif n’ignore pas les événements négatifs, mais s’appuie sur eux pour obtenir des résultats positifs. » (Cameron) 

Les Résultats du leadership positif 

Peut-on donc dire que le leadership positif éclipse les styles de leadership conventionnels ? Une chose est claire : grâce à ce style de management, les entreprises sont meilleures, plus performantes et plus résistantes aux crises de toutes sortes. Alors que les méthodes de gestion conventionnelles sont souvent conçues pour détecter les faiblesses ou les erreurs des collaborateurs, les leaders positifs travaillent avec leur tête… et avec leur cœur. Et toute l’équipe le ressent !

Par exemple, les organisations qui maintiennent un ton axé sur la valeur créée obtiennent de meilleurs résultats que celles qui maintiennent un ton autoritaire maximisant les profits.  Les avantages qui en résultent pour les entreprises sont des gains d’innovation, une productivité et une qualité accrues, ainsi qu’une compétitivité renforcée. Et le collaborateur en profite également : il se sent plus à l’aise dans son environnement de travail. Il s’implique alors davantage dans son équipe. Une situation gagnant-gagnant permanente pour tout le monde ! 

Pour aller plus loin, nous vous recommandons la lecture de notre infographie sur les différents types de leadership.