10 ans de MOOC… et après ?

2008, le magazine d’innovations technologiques Wired inventait le terme de MOOC, Massive Open Online Courses, pour décrire une nouvelle façon de consommer les cours. La folie des MOOC a fait dire bien des choses, comme Sebastian Thrun, fondateur d’Udacity, plate-forme de MOOC, qui avait annoncé qu’en dix ans, il ne resterait plus qu’une dizaine d’institutions supérieures au monde. Aujourd’hui où en est-on ? Et pour les entreprises, quel est l’avenir des MOOC ?

10 ans, c’est l’heure des bilans. Pour commencer, l’innovation pédagogique que représente le MOOC n’était pas une disruption. En 2001, le MIT avait déjà lancé l’Open Courseware avec des ressources pédagogiques gratuites en ligne. Alors, qu’est-ce que le MOOC avait de plus ? Le « Massive »… pour faire un MOOC, il faut mobiliser les foules, et donc, faire du MOOC un événement. Le MOOC est un produit marketé, qui donne envie, suscite l’adhésion pour constituer une communauté apprenante autour d’un projet. Une nouvelle façon de consommer de la formation. Le gratuit favorise l’effet de masse : plus de barrière à l’entrée, hormis l’envie.

La deuxième évolution majeure des MOOC est la création des plate-formes MOOC : 2010, création d’Udemy, 2012, Coursera, 2013, France Université Numérique… Les hypermarchés de la formation supplantent la distribution de proximité. On parle d’économie d’agglomération, on sait que là on trouvera ce que l’on cherche. C’est la raison pour laquelle, certains ont prédit la suppression du présentiel au profit de ces plateformes, qui libèrent l’apprenant avec des usages nouveaux, autour du synchrone et de l’asynchrone, du seul ensemble… à des prix défiant toute concurrence : du gratuit à des forfaitisations low cost. Lynda propose des forfaits pour moins de 20 € par mois, tout à volonté…

Le MOOC est-il le Graal de la formation ?

Pas tant que cela. Par exemple, la massification de départ n’assure pas forcement la réussite finale. Le taux de complétion, le pourcentage de ceux qui vont jusqu’au bout de la formation, se situe en moyenne autour de 10 % : ce qui est assez normal. Si l’on recrute massivement, on est moins regardant sur la motivation et forcement le taux de complétude est plus faible. Cela n’est en rien un motif de rejet, mais nécessite de proposer d’autres évolutions comme le passage du MOOC 1.0 à un MOOC 2.0 avec des accompagnements plus ou moins collaboratifs. Autrement dit, après 10 ans, le MOOC se réinvente encore.

Et l’entreprise dans ce phénomène ?

Le MOOC a fait son entrée dans l’entreprise, en France, en 2014-2015, ouvrant encore à une nouvelle innovation, l’émergence de nouveaux formats comme le SPOC, Small Private Online Courses, ou le SOOC, Small Open Online Courses qui permettent d’étoffer encore la stratégie MOOC pour l’entreprise.

Mais l’innovation majeure, pour l’entreprise, n’est pas là. Elle porte davantage sur la désintermédiation de l’apprenant face à la connaissance. Si l’apprenant veut apprendre, il pourra le faire sans l’entreprise. Et cela ouvre des perspectives nouvelles. Le pilotage de la formation par le financement laisse place à un nouveau pilotage, le pilotage par le marketing. En effet, mettre à disposition de l’apprenant des ressources de formation n’a jamais fait formation. Il faut une pédagogie, donner une envie, organiser un accompagnement. En un mot érotiser la formation. L’entreprise garde la responsabilité de transformer un potentiel formatif en une réalité terrain, et de faire que cette réalité s’inscrive dans sa stratégie globale. Comme quoi le MOOC n’est pas tant une réponse qu’une série de questions nouvelles… pour former et trans-former les entreprises.

Pour poursuivre la discussion autour de l’évolution de la formation et du rôle du responsable formation, nous vous invitons à assister à notre webinar « Quel est l’avenir du responsable formation ? » le jeudi 29 mars de 11h à 12h. Stéphane Diebold interviendra aux cotés de Vincent Maurin, e-Academy Lead chez Arcelor Mittal.

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