Réforme de la formation : ce qui va changer

La réforme de la formation, initiée par le gouvernement français en automne 2017 et prévue pour avril 2018, promet une clarification sans précédent dans le domaine. Accompagnement des salariés et des chômeurs, alternance et formation continue, gouvernance et financement de la formation sont actuellement en discussion par les partenaires sociaux. Rien n’est encore acté, mais les points clés ont déjà été annoncés par le gouvernement.

Le rôle de cette réforme ? « On veut sortir du déterminisme du diplôme où toute une vie professionnelle est déterminée par le diplôme qu’on a eu de 18 à 25 ans », explique-t-on au Ministère du Travail. Il s’agit donc de simplifier un processus jugé comme inégalitaire, inefficace et complexe pour, in fine, augmenter l’employabilité des salariés comme des chômeurs sur un marché du travail de plus en plus compétitif à l’échelle mondiale.

Alors concrètement, que va changer cette réforme dans la gestion de la formation pour les entreprises et les salariés ?

Un responsable dédié de la formation par public.

Le premier point annoncé, c’est la désignation d’un pilote pour chaque public de la formation.

Les branches professionnelles devraient ainsi récupérer la responsabilité de la formation des apprentis. Les chômeurs quant à eux seront pris en charge par les régions, afin d’avoir une approche réelle et terre-à-terre des compétences nécessitées localement. Les entreprises resteront quant à elle en charge de la formation de leurs salariés, à l’exception des TPE dont les fonds de formation restent mutualisés.

Et le Pôle Emploi dans tout ça ? Il restera co-pilote de la formation de tous ces publics. Même si la réforme redéfinit la responsabilité et le pilotage des formations pour les différents publics, l’agence nationale conservera un rôle prédominant dans la formation.

Le but n’est pas de réfléchir et de fonctionner en silo, mais bien d’augmenter globalement et à tous les niveaux le taux d’accès à la formation, qui est actuellement inférieur à 10% en France.

Le salarié devient acteur de son évolution professionnelle.

Mais un pilotage global de la formation resterait inefficace si l’on ne pense pas au bénéficiaire des formations : l’individu. Le gouvernement souhaite ainsi responsabiliser les actifs en les rendant acteur de leur évolution professionnelle.

Pour permettre plus de simplicité, la fusion du CIF – le Congé Individuel de Formation, peu utilisé aujourd’hui – a été annoncée avec le Compte Personnel de Formation. Chaque individu aura un compte unique de formation qui le suivra tout au long de sa vie professionnelle.

Le gouvernement souhaite également changer l’unité de mesure de ce compte. Il est aujourd’hui compté en heures, ce qui est jugé inégalitaire : une heure de formation avancée sur un sujet n’a pas le même coût qu’une heure de formation généraliste sur ce même sujet.

Avec le développement des formations en e-learning, c’est d’ailleurs le sens « d’heure de formation » tout court qui est revu à la loupe. Peut-on mesurer justement une formation en temps, alors que l’on suit un MOOC qui nous permet d’avancer à notre rythme ? Rien n’est encore sûr, mais il est probable que le CPF soit ainsi désormais compté en euros sonnants et trébuchants.

Enfin, il est proposé que le salarié puisse bénéficier d’un accès direct aux formations : il n’aurait besoin de passer ni par l’OPCA, ni par son entreprise pour faire usage de son compte de formation.

A terme, le gouvernement souhaite créer un portail Internet simple où chacun pourra se renseigner et s’inscrire aux prochaines formations disponibles dans sa région, en payant directement avec son CPF. Transparente, accessible et personnalisée, la formation serait ainsi simplifiée dans sa globalité.

La création d’un label pour les organismes de formations.

Mais encore faut-il connaître la formation qui correspond aux besoins de compétences actuels et futurs.

Plus de transparence est donc également souhaitée au niveau des organismes de formation : ils devront rendre public leurs résultats, notamment en publiant l’impact de leurs formations sur le retour à l’emploi, l’acquisition des compétences réelles et ses effets sur le salaire et l’avancement professionnel de la personne formée. Plus personne ne s’engagera dans une formation sans savoir exactement quels résultats elle amènera.

En parallèle, le gouvernement propose d’élargir le spectre des formations éligibles au Compte Personnel de formation. Pour faire cela tout en garantissant des formations de qualité, l’Etat veut créer un label pour les organismes de formation. Les délais pour obtenir ce label devraient être courts et valables pour une longue période. Cela entraînera cependant certainement une baisse du nombre de ces organismes – aux alentours de 75 000 aujourd’hui en France.

Le talent management au cœur de la réforme.

La réforme de la formation, même si elle cible en priorité les chômeurs non qualifiés et les jeunes en situation de décrochage, contient également un pan sur la formation en entreprise.

En effet, la mondialisation des marchés et l’évolution toujours plus rapide des technologies et des besoins des clients suppose une adaptation constante de la part des entreprises. Et pour que l’entreprise s’adapte, il faut qu’elle forme en permanence ses collaborateurs.

Nouveaux outils, nouvelles compétences techniques et humaines sont donc à développer. Le talent management permet à l’entreprise d’avoir des collaborateurs au fait des dernières évolutions du marché – et assure donc sa compétitivité globale, mais elle garantit aussi aux collaborateurs leur employabilité s’ils venaient à perdre leur emploi.

Il est ainsi fondamental pour les entreprises – et pour les responsables RH – de s’occuper de la formation constante de ses collaborateurs, à la fois pour sa productivité, mais aussi pour sa marque employeur : une entreprise qui investit dans le développement de ses salariés est une entreprise dans laquelle il fait bon travailler.

Plus que les traditionnelles sessions de formation dans une salle fermée avec un tableau blanc, c’est la notion même de formation qui est repensée et qui s’adapte à la transformation digitale.

E-learning, cours à distance, coaching personnalisé via Skype sont autant de solutions qui permettent de mieux former plus de personnes. Des solutions de « blended learning », c’est-à-dire comprenant différentes approches d’enseignement en ligne et hors ligne, permettent aux collaborateurs d’être formés efficacement sur des compétences clés dont ils ont besoin en entreprise aujourd’hui et demain.

Toutes ces mesures seront clarifiées une fois que les partenaires sociaux seront parvenus à un accord global, annoncé pour avril 2018.

Ce qui est sûr, c’est que la formation est non seulement une priorité du gouvernement français, mais elle l’est aussi pour les salariés et leurs entreprises : y permettre un accès facilité, rendre les processus plus transparents et égalitaires nous permettra à tous de garder notre compétitivité dans une économie digitale et mondialisée.

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